Dossier Rwanda |
Rwanda: Un peu dHistoire
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Il ny a pas dethnies au Rwanda !! Si on
entend par ethnie un groupe de gens partageant les mêmes caractères
de civilisation (langue, religion, coutumes, ect
) les
trois catégories, Hutu, Tutsi, Twa ne constituent pas des ethnies
différentes. On devrait plutôt parler dordres, cest
à dire de groupes structurés à partir de leurs activités économiques.
Le concept de races ou dethnies Tutsi et Hutu a été inventé
par les colonisateurs. Les Belges, ne pouvant dailleurs
clairement distinguer les Hutus des Tutsi ont introduit en 1931
au Rwanda une carte didentité faisant mentionner lethnie.
Ces cartes « ethniques »
serviront pendant le génocide pour différencier les rwandais,
les Tutsi étant systématiquement massacrés. |
« [Les
Hutus sont] petits, trapus, ont la figure joviale, le nez largement
épaté, les lèvres énormes. Ils sont expansifs, bruyants, rieurs et simples
(
) [le Tutsi] de bonne race na, à part la couleur,
rien du nègre. Sa taille est très haute. Ses traits, dans la jeunesse,
sont dune grande pureté : front droit, nez aquilin, lèvres
fines souvrant sur des dents éblouissantes. Dintelligence
vive, souvent dune délicatesse de sentiment qui surprend chez
des primitifs
»
Remy Ourdan, Au pays des âmes mortes, Le Monde, 31 mars
1998.
Les doctrines racistes de Gobineau,
Vacher de Lapouge ou Le Bon (en vogue au début du siècle en Europe)
fondées sur la croyance en la transmission héréditaire de caractères
psychiques vont ainsi servir de grille de lecture aux colonisateurs
pour tenter de comprendre la société rwandaise. Par la suite, léglise
qui au Rwanda a le monopole de lenseignement durant la période
coloniale, va dispenser aux futures élites rwandaises ces théories raciales
qui seront plus tard reprises par Kayibanda et Habyarimana pour asseoir
leur pouvoir.
Dès 1959, les Tutsi, désignés comme appartenant à une « race »
étrangère, verront leurs biens pillés et leurs maisons détruites de
manière à les contraindre à lexode. Les Tutsi qui fuiront ces
premiers massacres de 1959 (plus
de 20000 morts) pour les pays frontaliers (Ouganda, Congo
), longtemps
considérés comme les plus anciens réfugiés dAfrique, formeront
le gros des troupes du FPR. Ils seront rejoints par de nombreux opposants
Hutu persécutés par le régime dictatorial dHabyarimana avant dattaquer
le Rwanda en 1990 pour faire valoir leur droit au retour et la mise
en place du multipartisme et de la démocratie.
En 1963 des milliers de Tutsi sont massacrés. Cest une
première répétition du génocide de 1994, organisée par le gouvernement
de Kayibanda dans les préfectures sous le couvert des comités « dautodéfense
populaire ».
En 1973 (février), une nouvelle vague de pogroms et de massacres
se répand dans le pays. Les Tutsi sont parqués et envoyés dans des camps
au sud-est du pays (Bugesera). En juillet, Habyarimana prend le pouvoir
suite à un coup détat. Il instaure des quotas ethniques dans ladministration
et lenseignement.
En 1978 une nouvelle constitution est adoptée (2ème
République) : Tous les rwandais, dès leur naissance, sont intégrés
au parti unique fondé par le Président Habyarimana, le MRND.
A la fin des années 1980, le Rwanda connaît de graves
difficultés économiques (le cours du café, qui constitue lessentiel
des exportations, connaît une baisse de 75% entre 1986 et 1992). Sen
suivent des programmes « dajustements structurels »,
la montée de lopposition et des aspirations des rwandais pour
le pluralisme politique, la corruption du gouvernement et de « lAkazu »
(le clan présidentiel) étant de plus en plus flagrante et généralisée.
En 1987 le président Habyarimana sympathise avec François Mitterrand
qui lassure du soutien militaire de la France. En 1990,
lorsque les troupes du FPR attaquent le Rwanda depuis lOuganda,
Mitterrand déclenche lopération Noroît pour lui venir en
aide (officiellement pour protéger les «ressortissants français».)
Au Rwanda il y a eu de nombreux massacres de Tutsi au vu et au su des
coopérants et militaires français de 1990 à 1994 : - A Kibirira en octobre
1990 (entre 50 000 et 100 000 personnes) - Massacre de Murambi
les 7 et 8 novembre 1991 - Massacre des Bagogwé
en janvier 1992, de Bugesera en mars 1992 et de Kibuye en août
1992 - Massacre de la région
de Gisenyi-Ruhengeri, décembre 1992 et janvier 1993 |
En 1992, sous la pression de lopposition intérieure (essentiellement
hutue), de lopposition armée du FPR et de la communauté internationale,
la logique de démocratisation aboutit à une ouverture du régime en matière
de libertés publiques et à la reconnaissance du pluralisme politique
(Accords dArusha).
Depuis 1990 la propagande ethniste se développe
ouvertement au Rwanda avec la création en mai du journal Kangura,
financé par l « Akazu » (Fondé sur le clientélisme politique, militaire et financier autour de
lentourage immédiat dHabyarimana et de sa femme Agathe,
ce réseau assurera la logistique des escadrons de la mort et des miliciens).
En avril/mai 1993 la haine raciste est également diffusée
par la Radio Libre des Milles Collines (RTLMC). Cette Radio appellera
la population à commettre le génocide en 1994. Cette propagande extrémiste
incarnant la logique génocidaire vise à désintégrer lopposition
intérieure et à lobliger à se situer selon un antagonisme
ethnique réducteur: Habyarimana joue la carte de la division de lopposition
pour recentrer les partis «hutus» sur la logique ethniste.
Les Hutu de lopposition refusant cette division ethnique de la société rwandaise seront les premières victimes des milices et des militaires après le 6 avril 1994. Durant les 100 jours qui suivirent, plus dun million de Tutsi, hommes et femmes de tous âges, seront massacrés dans des conditions dune horreur inouïe.
iSo/BAROUD
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