B.A.R.O.U.D
Dossier Rwanda

La propagande ethniste des génocidaires reprise par les médias français

« Pasteurs nomades de tradition guerrière, les Tutsi se raccrochent à la branche des Nilotiques. On les dit quelque peu sûrs d’eux même et dominateurs. Les Hutus, eux, appartiennent au monde bantou. Volontairement ou non, ils se donnent l’image de paysans accrochés à leurs terres, madrés mais plutôt rustres, malhabiles en politique. » Le Monde du 8 octobre 1990

 

Il est assez révélateur de voir dans ce grand quotidien français qu’est Le Monde, souvent cité comme référence pour ses analyses et la qualité de ses articles, une telle schématisation raciale directement inspirée de Gobineau et de son « Essai sur l’inégalité des races. »

 

Il n’y a guère plus que pour l’Afrique que l’on peut, sans provoquer de scandale, ainsi utiliser une caractérologie raciale, attribuant à une « race » ou une « ethnie » des caractéristiques psychologiques génétiquement transmissibles et immuables.

 

« La stratégie d’antagonisme raciale entretenue méthodiquement par le régime Habyarimana pour justifier à la fois des entreprises de purification ethnique anti-tutsi et d’étouffement de l’opposition démocratique doit-elle être adoptée comme argent comptant à Paris, y compris par Le Monde ? » Jean-Pierre Chrétien, chercheur au CNRS

 

Les quotidiens français et le génocide en 1994:

 

Le Monde, avec le concours de journalistes qui paraissent être de fervents défenseurs de la «cause ethnique», semble avoir relayé la désinformation du pouvoir élyséen… Libération a peu traité le sujet du génocide par rapport aux autres quotidiens français, lui préférant de loin le sujet de la guerre en Bosnie. La Croix a bien traité le sujet d’un point de vue politique et non ethnique, mais ce journal à forte connotation chrétienne a très peu parlé de l’implication du clergé dans le génocide. L’Humanité semble être le journal le plus objectif, avec de nombreuses enquêtes de terrain et des journalistes qui ne sont pas tombés dans le «piège ethnique». Il est ainsi regrettable de constater, pour l’information des français sur le génocide rwandais, que le journal le plus objectif sur la question, L’Humanité, est celui qui a la diffusion la plus restreinte.

 

Un exemple de désinformation: Le journal Le Monde

 

Le 8 avril 1994, alors que le génocide a commencé depuis deux jours et que le journal Le Soir (Bruxelles) parle clairement de « massacres de civils Tutsi », de « familles entières liquidées », Le Monde associe ce qui se passe au Rwanda à des « rivalités tribales » ou « guerre tribale », le génocide étant qualifié « d’affrontements. »

 

Le 19 avril, la situation est toujours décrite dans le quotidien français comme une lutte entre factions, « les rebelles du FPR » contre les « forces gouvernementales. » Dans l’édition du 19 avril il n’est même plus question de crimes ni de morts. Le génocide a pourtant débuté depuis plus de dix jours… Les quotidiens étrangers, parmi lesquels Le Soir sous la plume de Colette Braeckman, évoquent le « génocide des populations tutsies » depuis plusieurs jours alors que Le Monde continue à parler de « violences politico-ethniques. »

 

Le Monde attribue au FPR les exactions qui sont en train de se commettre au Rwanda (Jean Hélène, le 16 avril). La position du quotidien français, résolument anti-FPR, est constante. Le 19 avril, il titre : « Les rebelles du FPR harcèlent les forces gouvernementales. » Il faut rappeler que les forces gouvernementales rwandaises (FAR), venaient de tuer dix casques bleus Belges et qu’elles participaient activement au génocide de la population Tutsi auquel les troupes du FPR essayaient de mettre un terme…

 

On peut aisément montrer en reprenant les articles parus pendant le génocide que le journal Le Monde a fait une analyse partiale et orientée des évènements. Ce journal a essayé de résumer les faits à un simple conflit militaire entre deux factions rivales, s’efforçant de réduire le génocide planifié de la minorité Tutsi rwandaise à une « guerre tribale » ancestrale.

 

Le Monde n’aborde pas une seule fois la position plus qu’ambiguë du gouvernement français vis-à-vis du régime qui a planifié le génocide à Kigali. Sous la plume de Stephen Smith, il fera même son possible en mars 2004 pour discréditer le gouvernement rwandais avant les commémorations des dix ans du génocide des Tutsi, accusant le Présidant Paul Kagame d’être responsable de l’attentat qui déclencha le génocide sur la foi du rapport orienté et non-officiel du juge Bruguière (il est d’ailleurs pour le moins étonnant que ce rapport ai été transmis à Stephen Smith et au Monde avant même d’avoir été transmis au parquet !!)

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