Gunt

Gunt

Membre irremplaçable du B.A.R.O.U.D

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Legz
Mon pote

Tu avais de la jugeote,
Du soucis pour les notes,
Le cynisme pour calotte,
Mon pote.

T'étais pas un croque…
Mitaine

Et t'avais pas d'drapeau,
Un cortex sous l'chapeau,
Puis aussi un cœur gros,
Mi amigo.

Tu t'es barré sans un cri,
sans une plainte.

Tu vois, t'avais raison,
On vit pas sans passion
Comme vivent les fions.

T'es toujours là pour moi,
La vie sans cinéma,
Y aura toujours une place pour toi

iSo
Comme les divagations séniles des bourgeois honteux qui avant de rendre l'âme s'en veulent de ne pas avoir eu le courage de baiser la bonne, je repense à ces années perdues à attendre que quelque chose ne se passe dans mon existence misérable.

Non pas qu'elle soit forcément plus misérable que la tienne, mais je n'ai jamais eu comme toi l'ambition de m'en accommoder.

Rassure-toi, je n'en tire aucun mérite. Mon incapacité à me soumettre aux règles en usage dans nos sociétés asservissantes ne vient sans doute finalement que d'un manque puéril, d'une inadaptation qui m'oblige à rechercher chez mes pairs ce que les romantiques nomment l'amour et que pour des raisons pragmatiques je préfère envisager comme un peu de compassion. Un sourire peut sauver une vie. Une caresse, un baiser, nous faire accéder au bonheur ou au moins à un sentiment éphémère de plénitude. Temporaire. Telles sont les nouvelles règles, s'il y en a. Travail temporaire. Amours temporaires.

Non pas qu'avant, c'était mieux, mais on sait pertinemment aujourd'hui que le lendemain ne sera pas une avancée vers des jours meilleurs. Fin de l'histoire? Philosophes de merde ! Tout au plus, fin de mon histoire, si toutefois quelqu'un avait pris la peine de s'en inquiéter, d'en écrire les prémisses.

Je conchie ceux qui se prétendent des êtres heureux : On ne peut atteindre de telles hauteurs quand nos voisins crèvent de n'être que les pions d'un système asservissant qui les usent jusqu'à ce qu'ils ne soient plus productifs. Je ne suis pas productif, et je suis fier de ne l'avoir jamais été… Je ne suis pas une chose, bordel, encore moins une terre en friche dont il faudrait tirer le meilleur, l'exploiter jusqu'à ce qu'on n'en puisse rien tirer.

De toute façon c'est déjà le cas. Je suis aride, encore moins rentable qu'une parcelle de terre en plein Sahel dont on sait qu'elle ne recèle aucune trace de pétrole. Je me meurs de n'être que ce que je suis. Un lopin aride, inexploitable, dont personne, y compris moi, ne trouve d'intérêt à mettre ne serais-ce qu'en friche.

Mais, après tout, je m'en lave les mains, je n'étais que celui qui, parmi tant d'autres, et comme tant d'autres, faisait tâche, par son inadaptation, et que de toute façon personne ne voulait écouter.

Je m'en veux de n'avoir été à la hauteur de mon insignifiance.
Il est temps de réparer cette erreur et de mettre un terme à tout ça.

Finalement, quel soulagement...

 

 

 

 

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