Legz
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Mon pote
Tu avais de la jugeote,
Du soucis pour les notes,
Le cynisme pour calotte,
Mon pote.
T'étais pas
un croque
Mitaine
Et t'avais pas d'drapeau,
Un cortex sous l'chapeau,
Puis aussi un cur gros,
Mi amigo.
Tu t'es barré
sans un cri,
sans une plainte.
Tu vois, t'avais
raison,
On vit pas sans passion
Comme vivent les fions.
T'es toujours là
pour moi,
La vie sans cinéma,
Y aura toujours une place pour toi
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iSo
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Comme
les divagations séniles des bourgeois honteux qui avant de
rendre l'âme s'en veulent de ne pas avoir eu le courage de baiser
la bonne, je repense à ces années perdues à attendre
que quelque chose ne se passe dans mon existence misérable.
Non pas qu'elle soit forcément plus misérable que
la tienne, mais je n'ai jamais eu comme toi l'ambition de m'en accommoder.
Rassure-toi, je n'en tire aucun mérite. Mon incapacité
à me soumettre aux règles en usage dans nos sociétés
asservissantes ne vient sans doute finalement que d'un manque puéril,
d'une inadaptation qui m'oblige à rechercher chez mes pairs
ce que les romantiques nomment l'amour et que pour des raisons pragmatiques
je préfère envisager comme un peu de compassion. Un
sourire peut sauver une vie. Une caresse, un baiser, nous faire
accéder au bonheur ou au moins à un sentiment éphémère
de plénitude. Temporaire. Telles sont les nouvelles règles,
s'il y en a. Travail temporaire. Amours temporaires.
Non pas qu'avant, c'était mieux, mais on sait pertinemment
aujourd'hui que le lendemain ne sera pas une avancée vers
des jours meilleurs. Fin de l'histoire? Philosophes de merde ! Tout
au plus, fin de mon histoire, si toutefois quelqu'un avait pris
la peine de s'en inquiéter, d'en écrire les prémisses.
Je conchie ceux qui se prétendent des êtres heureux
: On ne peut atteindre de telles hauteurs quand nos voisins crèvent
de n'être que les pions d'un système asservissant qui
les usent jusqu'à ce qu'ils ne soient plus productifs. Je
ne suis pas productif, et je suis fier de ne l'avoir jamais été
Je ne suis pas une chose, bordel, encore moins une terre en friche
dont il faudrait tirer le meilleur, l'exploiter jusqu'à ce
qu'on n'en puisse rien tirer.
De toute façon c'est déjà le cas. Je suis
aride, encore moins rentable qu'une parcelle de terre en plein Sahel
dont on sait qu'elle ne recèle aucune trace de pétrole.
Je me meurs de n'être que ce que je suis. Un lopin aride,
inexploitable, dont personne, y compris moi, ne trouve d'intérêt
à mettre ne serais-ce qu'en friche.
Mais, après tout, je m'en lave les mains, je n'étais
que celui qui, parmi tant d'autres, et comme tant d'autres, faisait
tâche, par son inadaptation, et que de toute façon
personne ne voulait écouter.
Je m'en veux de n'avoir été à la hauteur de
mon insignifiance.
Il est temps de réparer cette erreur et de mettre un terme
à tout ça.
Finalement, quel soulagement...
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